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 [pièce] Les Caprices de Marianne

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Athena
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MessageSujet: [pièce] Les Caprices de Marianne   [pièce] Les Caprices de Marianne EmptyDim 6 Aoû - 21:58

Les Caprices de Marianne par Alfred de Musset


[pièce] Les Caprices de Marianne Marianne


Citation :
L'action est dans un Naples imaginaire, sans indication d'époque. Car ces détails importent peu : seuls comptent les trois jeunes gens dont nous voyons le destin basculer sous nos yeux. Marianne à dix-neuf ans, et joue avec le feu. Le sait-elle ? Elle n'a jamais connu les flammes de la passion. Coelio se consume pour elle. Mais comment se faire entendre ? Ses doutes ont la violence de son amour. Octave, son ami, vient à son aide. C'est le plus vieux des trois : ses ailes sont déjà brûlées, mais il a la nostalgie du bonheur, et le charme de sa cousine ne le laisse pas insensible...


Mon avis : Une pièce classique, certes, mais très intéressante. Plein de jeux de mots et de discours plus profonds qu'ils n'y paraissent, j'adore! Un exemple d'amitié infaillible bien que l'un d'eux se sente trahi. Egalement, un bel exemple de la fatalité, que l'on voit venir, sans que le personnage s'en rende compte.
Extrait :

Citation :
Acte II, scène 6

Coelio vient d'être assassiné, victime de la jalousie de Claudio. Au cours d'un ultime rendez-vous, Octave, désabusé et amer, fait part à Marianne de son sentiment de culpabilité et de dégoût de lui-même.

SCÈNE 6. Un cimetière.

OCTAVE et MARIANNE auprès d'un tombeau.

OCTAVE. Moi seul au monde je l'ai connu. Cette urne d'albâtre, couverte de ce long voile de deuil, est sa parfaite image. C'est ainsi qu'une douce mélancolie voilait les perfections de cette âme tendre et délicate. Pour moi seul, cette vie silencieuse n'a point été un mystère. Les longues soirées que nous avons passées ensemble sont comme de fraîches oasis dans un désert aride ; elles ont versé sur mon coeur les seules gouttes de rosée qui y soient jamais tombées. Coelio était la bonne partie de moi-même ; elle est remontée au ciel avec lui. C'était un homme d'un autre temps ; il connaissait les plaisirs, et leur préférait la solitude ; il savait combien les illusions sont trompeuses, et il préférait ses illusions à la réalité. Elle eût été heureuse, la femme qui l'eût aimé.

MARIANNE. Ne serait-elle point heureuse, Octave, la femme qui t'aimerait ?

OCTAVE. Je ne sais point aimer ; Coelio seul le savait. La cendre que renferme cette tombe est tout ce que j'ai aimé sur la terre, tout ce que j'aimerai. Lui seul savait verser dans une autre âme toutes les sources de bonheur qui reposaient dans la sienne. Lui seul était capable d'un dévouement sans bornes ; lui seul eût consacré sa vie entière à la femme qu'il aimait, aussi facilement qu'il aurait bravé la mort pour elle. Je ne suis qu'un débauché sans coeur ; je n'estime point les femmes ; l'amour que j'inspire est comme celui que je ressens, l'ivresse passagère d'un songe. Je ne sais pas les secrets qu'il savait. Ma gaieté est comme le masque d'un histrion, mon coeur est plus vieux qu'elle, mes sens blasés n'en veulent plus. Je ne suis qu'un lâche ; sa mort n'est point vengée.

MARIANNE. Comment aurait-elle pu l'être, à moins de risquer votre vie ? Claudio est trop vieux pour accepter un duel, et trop puissant dans cette ville pour rien craindre de vous.

OCTAVE. Coelio m'aurait vengé si j'étais mort pour lui, comme il est mort pour moi. Ce tombeau m'appartient : c'est moi qu'ils ont étendu sous cette froide pierre ; c'est pour moi qu'ils avaient aiguisé leurs épées ; c'est moi qu'ils ont tué. Adieu la gaieté de ma jeunesse, l'insouciante folie, la vie libre et joyeuse au pied du Vésuve ! adieu les bruyants repas, les causeries du soir, les sérénades sous les balcons dorés ! adieu Naples et ses femmes, les mascarades à la lueur des torches, les longs soupers à l'ombre des forêts ! adieu l'amour et l'amitié ! ma place est vide sur la terre.

MARIANNE. Mais non pas dans mon coeur, Octave. Pourquoi dis-tu :
« Adieu l'amour » ?

OCTAVE. Je ne vous aime pas, Marianne : c'était Coelio qui vous aimait.
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